Ouverture

© Vincent Héquet

Ouverture

Jour après jour, chaque matin à la même heure

Elle arrivait, tel un elfe ou un farfadet gardien des lieux.

Légère, à petit pas, minuscule dans ce décor,

Elle avançait sans bruit délicate comme un duvet.

S’asseyait sur l’énorme racine aérienne

De cet arbre immense millénaire, tous les sens en attente…..

La légère brise matinale, en lui caressant la joue

Lui murmurait à l’oreille tous les secrets de la forêt.

Lui chatouillait les narines des effluves les plus diverses

Elle entendait le gazouillis des oiseaux,

Le frémissement régulier du ruisseau si proche, 

Et les moindres bruissements de la faune qui l’environnait.

Souvent elle froissait dans ses doigts délicats

Une fleur ou une feuille cueillie çà et là,

Et ce contact la remplissait d’aise,

Elle puisait en effet dans ces instants si simples et si doux

Toute son énergie pour la journée.

Jour après jour, une biche se cachait peureuse

Dont elle ne distinguait souvent

Qu’un œil luisant derrière un bosquet,

Qui la scrutait semblant s’interroger sur sa présence en ces lieux.

Quelquefois elle esquissait quelques pas timides hors de sa cachette

La fillette, elle, ne bougeait pas

Jour après jour, la biche s’approchait, reculait, s’approchait encore.

Mais ce matin, la biche sur ses gardes, toujours sur la réserve,

Les oreilles en arrière, les muscles des pattes tendus,

Les yeux rivés à ceux de l’enfant,

Osa braver sa peur pour s’approcher

Et délicatement saisir ce que la fillette lui offrait du bout des doigts.

Instant magique ou patience chasse défiance

Ou la peur laisse place à la confiance,

Naissance d’une relation nouvelle, pour aller plus loin ensemble …