lundi 10 octobre 2016

Clients mystères

© Vincent Héquet
        
                                    Clients -Mystères
                         
Gaston et Gisèle étaient un couple de retraités qui sillonnaient le pays en tant que « Client mystère » pour un guide touristique réputé. Ils étaient de nature maussade, peu avenants, toujours prêts à se plaindre ou à distiller leurs critiques acerbes à tous ceux qui les frôlaient de trop près. Quand ils n’avaient aucun sujet à traiter,  ils s’exerçaient à se disputer, histoire de ne pas perdre la main.

Ce jour-là leur mission était d’inspecter incognito un petit manoir qui se trouvait isolé en haut d’une colline entourée de bois et qui depuis peu, après rénovation, s’était transformé en hôtel. Selon la rumeur en cours, l’accueil et le restaurant étaient de très bonne facture. Il faudra bien dénicher le talon d’Achille de cette nouvelle entreprise se dirent-ils et nous nous y emploierons.

Ils furent reçus par un majordome en habit noir aux  rares cheveux gominés plaqués sur son crâne blafard dégarni avec un rictus en guise de sourire. En le voyant,  Gisèle sentit les poils de ses avant bras se dresser. S’accrochant au bras de Gaston, ils avancèrent jusqu’à un haut comptoir derrière lequel une fille gothique longiligne leur remit les clefs de la chambre 13 en leur annonçant d’une voix mélodieuse qu’ils allaient occuper une des meilleures avec vue sur le parc.  Elle se chargea de les y conduire.

La chambre 13 était lumineuse à souhait et décorée avec raffinement, tout était parfaitement à sa place. Ils entreprirent une fouille dans les règles de l’art à la recherche du moindre grain de poussière ou d’une anomalie quelconque. Rien n’y fît, ils ne trouvèrent rien, tout était parfait. Cet échec alimenta leur mauvaise humeur naturelle et ils promirent de se rattraper au dîner. En attendant ils feraient une promenade dans le parc à la recherche du moindre détail douteux.

A leur retour, ils empruntèrent le long couloir qui menait à leur chambre et entendirent une musique lointaine, on eût dit  un air de clavecin ils crurent aussi percevoir des murmures de voix. Tout en prêtant l’oreille ils ouvrirent leur chambre qui était maintenant plongée dans une semi pénombre, mais à peine avaient-ils franchi le seuil que la porte se referma avec un bruit sec. Gisèle tressaillit et essaya de l’ouvrir  tout en cherchant l’interrupteur. Rien à faire, le loquet refusait de bouger. Ils étaient prisonniers. Gaston courut en tâtonnant à la fenêtre et tira les rideaux, une faible lumière envahit alors timidement la chambre, ils se regardèrent interloqués, ils n’étaient pas au bon endroit, ils s’étaient trompés de porte, tout y était sombre et lugubre,  un vieux lustre cliquetait au-dessus de leur tête reflétant de temps à autre quelque lueur  blafarde inquiétante. Gaston s’agrippât à la fenêtre pour tenter de l’ouvrir, sans succès. Gisèle s’affala sur ce qui lui paru être un lit et se releva aussitôt avec les mains pleine de poussière et de toiles d’araignée.


A ce moment précis, un rire cristallin retentit suivi d’une petite voix claire qui leur disait : « Cette chambre est aussi sombre que vos pensées, aussi poussiéreuse que votre cœur, c’est tout à fait celle qui vous convient ici. Bonne nuit ….  à jamais…. Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! »

4 commentaires:

  1. Ils n'ont eu que ce qu'ils méritent. J'aime les histoires qui finissent bien...mais juste pour les gens biens. :)

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  2. En voila une histoire originale que j'adore!

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  3. Wouah, une chute pour le moins terrifiante... Un texte originale, une belle idée, j'aime !

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  4. Un hôtel tenu par la "famille Adams"! Mouahaha!!!

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