lundi 5 octobre 2015

Une photo, quelques mots 190ème !


© Kot
© Kot

Imbroglio

Il y a des jours où vous avez l’impression que tout vous échappe !

C’est ainsi que ce matin, comme à l’accoutumée, à huit heures, j’enfourche mon vélo pour me rendre au bureau. Il fait beau, je sifflote et me réjouis déjà, en pensée, de la soirée que je dois passer avec Agnès ma nouvelle petite amie. Et…. Patatras !

Un gamin sorti de je ne sais où jaillit devant moi. Et nous voilà tous deux projetés dans les airs. Je finis par me relever péniblement tandis que l’enfant, lui, reste étendu sur le trottoir. Un hurlement de femme déchire l’atmosphère….. Et je me retrouve aux urgences.

Je n’ai qu’un ongle arraché et quelques contusions, mais le petit garçon doit rester quelques heures en observation. Traumatisé par cet enchaînement, et trop inquiet pour m’en aller, je décide d’espérer des nouvelles réconfortantes dans la salle d’attente des urgences. Alors pour m’aider à calmer cette inquiétude qui me grignote, j’achète un livre et mon attente commence.

Soudain, un « Bonjour Messieurs et Dames ! » Claque dans la salle et me tire de mon trouble. Le lieu est plein à craquer et pourtant personne ne répond, moi-même déconcerté par cette intrusion retentissante et surprenante, je lève à peine le nez de mon bouquin.

« J’ai dit bonjour il me semble ! » Reprend la voix. Certains comme pris en faute, murmure un bonjour à peine audible. Moi, je croise les jambes et m’enfonce dans ma lecture. Je prends conscience que le propriétaire de cette voix profonde se campe près de ma chaise. Cette proximité m’incommode, je me mets à tourner mécaniquement une page, puis une autre.

« Qu’est-ce que tu fais ?» M’interpelle la voix. « Tu lis ou tu ne lis pas ? Tu tournes les pages trop vite pour avoir capté quoi que ce soit… Mais vraiment, c’est quoi ton problème ? ». Je ronge mon frein, je décroise les jambes, essaie de prendre une autre posture, respire un grand coup, ferme le livre.

« Eh ! Mec, je l’ai déjà lu » Reprend la voix sur un ton enjoué. « Il est bien, il est passionnant, tu ne devineras jamais qui a tué ! ».

Une dame est appelée, elle se lève s’en va. Je crois un moment que la voix prendra le chemin de la chaise ainsi libérée. Mais non. Non pas du tout ! Je sens toujours cette présence à mes côtés. Je bouille intérieurement, je bouge encore les jambes, regarde les gens autour de moi sans vraiment les voir puis enfin je me décide à reprendre ma lecture, doucement j’ouvre alors mon livre.

« Il était temps ! » s’exclame bruyamment la voix «J’ai bien envie de le relire, allons-y. Mais je t’avertis, tu ne tournes pas les pages trop vite comme tout à l’heure, cela ne se fait pas, faut penser aux autres un peu.» Je suis au bord de l’explosion, quand j’entends appeler mon nom :

« Monsieur FLING Eric est demandé au guichet. ». Délivrance….

Je me lève d’un bond, mais la voix m’accompagne et me glisse « Je vais te dire qui a tué. T’es pas assez futé mec ! Tu ne devineras jamais ». Je me retourne brusquement et lui plaque le livre entre les mains et lui de me le rendre aussitôt en hurlant : « T’es malade ou quoi ? Qu’est-ce que je fais avec, je l’ai déjà lu je te l’ai dis. Fais-toi soigner Mec. » Sur ce il se retourne en lançant à la volée : « C’est sa mère qui l’as tué… Ah ! Ah ! Ah… »

Et il disparaît au fond du couloir me laissant là tout pantois.

4 commentaires:

  1. Pour moi,c'est un saisissant contact avec la folie ce texte....C'est même assez violent!...Il y a parfois des gens qui font vraiment peur....

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  2. Une vraie histoire, des personnages, un dénouement amusant : jolie nouvelle !

    NB ecrit tout petit en noir sur marron foncé, avec ma presbytie j'ai eu un mal de chien à lire ce texte ! :(

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