lundi 5 septembre 2016

La souricière, atelier d'écriture

La souricière

© Julien Ribot

Franciane habitait seule au 124 allée des roses, dans un quartier réputé pour son calme. Depuis quelques années, gagnée par la vieillesse, elle n’osait sortir que très peu de chez elle. Cependant chaque semaine, un jour sur deux, sa barrière restait à moitié ouverte, c’était pour elle comme un signe de ralliement. En effet ces jours-là, elle accueillait des femmes très distinguées venues d’horizons divers qui lui rendaient visite pour des conseils et des cours et aussi pour un échange culturel fécond. Eh oui, Franciane leur enseignait la cuisine !

Il est vrai qu’autrefois, elle avait été l’un des plus grands chefs cuisiniers du pays, la première par ailleurs. Ces femmes venaient donc chez elle pour se former et trouver toute sorte d’idées pour leurs multiples réceptions mondaines.

C’est ainsi qu’un jour, ayant repéré ces multiples allers et venus, Christophe, délinquant notoire bien connu dans le quartier, décida de faire un casse chez La Franciane. Après avoir minutieusement étudié les lieux et ses habitudes, il se pointa en semaine, un lundi après-midi sachant très bien qu'il n'y aurait personne pour aider la vieille.

Il la trouva dans la cuisine qui s’affairait à préparer ce qui lui sembla être un gâteau. La Franciane ne montra aucun signe d’étonnement, elle demeura même impassible lorsqu’il pointât son revolver factice sous son nez en lui intimant de lui remettre argent et bijoux. La Franciane fit mine d’obéir en prenant à petits pas la direction du couloir proche et soudain, voilà notre délinquant au sol se tenant la tête à deux mains en poussant des gémissements. Franciane venait de lui asséner un sérieux coup de rouleau à pâtisserie qu’elle avait lestement saisi en passant la porte. Pas un instant Christophe n’avait jamais imaginé que la vieille aurait pu être un obstacle à son plan ni qu’elle pouvait être redoutable. Mais c’est vrai qu’il ignorait tout d’elle ! Durant des années elle avait pratiqué du kung-fu, elle avait même gagné des médailles et malgré son âge avancé, elle continuait à son rythme de s’entraîner une fois la semaine.

D’une main experte, Franciane ligota Christophe comme elle aurait pu le faire pour préparer un rôti de porc aux pruneaux, puis lentement elle s’assit en face de lui, se versa un petit verre de mirabelle qu’elle dégusta avec élégance tout en lui lançant un délicieux sourire de satisfaction. Elle s’empara alors de son téléphone pour appeler le poste de police elle leur signaler qu’il y avait chez elle un colis suspect qui devait être récupéré dans les plus brefs délais …

La Franciane devint dès lors la personne la plus populaire de sa ville. Elle fut même invitée au journal télévisé

Depuis...sa barrière demeure entre-ouverte tous les jours de la semaine et les visites se succèdent sur un tout autre mode.


3 commentaires:

  1. Très amusant ! Et La Franciane gagne tout de suite la sympathie de son lecteur.

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  2. J'adore ce texte plein de fantaisie, de légèreté et l'image de la Franciane, armée de son rouleau à patisserie ! J'en ai moi-même un fort lourd en bois plein, qui ferait bien du dégât ! :D

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  3. Merci de nous rappeler que les personnes âgées ont eu et ont une vie bien riche. Elle est délicieuse cette Franciane, elle m'a fait rire!

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