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© Vincent Héquet |
Clients -Mystères
Gaston et Gisèle étaient un couple de retraités
qui sillonnaient le pays en tant que « Client
mystère » pour un guide touristique réputé. Ils étaient de nature maussade,
peu avenants, toujours prêts à se plaindre ou à distiller leurs critiques
acerbes à tous ceux qui les frôlaient de trop près. Quand ils n’avaient aucun
sujet à traiter, ils s’exerçaient à se
disputer, histoire de ne pas perdre la main.
Ce jour-là leur mission était d’inspecter incognito
un petit manoir qui se trouvait isolé en haut d’une colline entourée de bois et
qui depuis peu, après rénovation, s’était transformé en hôtel. Selon la rumeur
en cours, l’accueil et le restaurant étaient de très bonne facture. Il faudra
bien dénicher le talon d’Achille de cette nouvelle entreprise se dirent-ils et
nous nous y emploierons.
Ils furent reçus par un majordome en habit noir
aux rares cheveux gominés plaqués sur
son crâne blafard dégarni avec un rictus en guise de sourire. En le voyant, Gisèle sentit les poils de ses avant bras se
dresser. S’accrochant au bras de Gaston, ils avancèrent jusqu’à un haut
comptoir derrière lequel une fille gothique longiligne leur remit les clefs de la
chambre 13 en leur annonçant d’une
voix mélodieuse qu’ils allaient occuper une des meilleures avec vue sur le
parc. Elle se chargea de les y conduire.
La chambre 13
était lumineuse à souhait et décorée avec raffinement, tout était parfaitement
à sa place. Ils entreprirent une fouille dans les règles de l’art à la
recherche du moindre grain de poussière ou d’une anomalie quelconque. Rien n’y
fît, ils ne trouvèrent rien, tout était parfait. Cet échec alimenta leur
mauvaise humeur naturelle et ils promirent de se rattraper au dîner. En
attendant ils feraient une promenade dans le parc à la recherche du moindre
détail douteux.
A leur retour, ils empruntèrent le long couloir
qui menait à leur chambre et entendirent une musique lointaine, on eût dit un air de clavecin ils crurent aussi percevoir
des murmures de voix. Tout en prêtant l’oreille ils ouvrirent leur chambre qui
était maintenant plongée dans une semi pénombre, mais à peine avaient-ils
franchi le seuil que la porte se referma avec un bruit sec. Gisèle tressaillit
et essaya de l’ouvrir tout en cherchant l’interrupteur.
Rien à faire, le loquet refusait de bouger. Ils étaient prisonniers. Gaston
courut en tâtonnant à la fenêtre et tira les rideaux, une faible lumière
envahit alors timidement la chambre, ils se regardèrent interloqués, ils
n’étaient pas au bon endroit, ils s’étaient trompés de porte, tout y était sombre
et lugubre, un vieux lustre cliquetait
au-dessus de leur tête reflétant de temps à autre quelque lueur blafarde inquiétante. Gaston s’agrippât à la
fenêtre pour tenter de l’ouvrir, sans succès. Gisèle s’affala sur ce qui lui
paru être un lit et se releva aussitôt avec les mains pleine de poussière et de
toiles d’araignée.
A ce moment précis, un rire cristallin retentit
suivi d’une petite voix claire qui leur disait : « Cette chambre est
aussi sombre que vos pensées, aussi poussiéreuse que votre cœur, c’est tout à
fait celle qui vous convient ici. Bonne nuit ….
à jamais…. Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! »
Ils n'ont eu que ce qu'ils méritent. J'aime les histoires qui finissent bien...mais juste pour les gens biens. :)
RépondreSupprimerEn voila une histoire originale que j'adore!
RépondreSupprimerWouah, une chute pour le moins terrifiante... Un texte originale, une belle idée, j'aime !
RépondreSupprimerUn hôtel tenu par la "famille Adams"! Mouahaha!!!
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