Elle avait déjà tout vu,
Elle avait déjà tout entendu
Lui semblait-il dans cet espace public
Qui prenait de jour en jour des allures de jungle.
Avec des hommes plantés de ci, de là
Déjà au pied de son immeuble et disséminés au hasard dans tous les quartiers
La bouche en cœur, prêts à lancer des giclées de mots des plus insolites et des quolibets
Passant du sifflement, aux mots doux, aigres, acides, puis inconvenants,
Des mots qui gênent, qui blessent, qui agressent, qui révoltent.
Des mots qui salissent parfois.
Elle en avait entendu des
« Psstt, Psstt, mademoiselle, t’es belle ! »
A croire qu’elle était un oiseau.
Si elle décidait de se rendre au travail à moto.
Immanquablement un des piliers du hall lui lancerait
« Eh toi femmelette, où es ton mec ? Tu ne veux pas d’un p’tit coup de main ?
Et j’en passe des : « Pouffiasse, t’es bonne, t’as un beau cul…. »
Au fil des jours et de son silence
Elle avançait la tête haute la rage au ventre
Indifférente en apparence, mais cela devenait insoutenable
La vie de bien des femmes seules dans la rue
Etait parsemée de scènes identiques.
Ce matin, c’est décidé, elle ne se laissera plus faire
Ce matin elle riposterait si l’occasion se présentait..
Diane se dirigeait d’un pas décidé vers l’arrêt du bus
Lorsque deux habitués l’interpellent violemment
« Va t’habiller, salope ! Pas de jupe ici . Va cacher tes jambes.»
Diane s’étonne, elle se dirige vers eux, les regarde dans les yeux et explose :
« Vos gueules ! Vous n’avez rien à faire ? Allez -vous faire foutre ! »
Et de continuer son chemin sans plus attendre.
Les deux hommes marquent un temps d’arrêt
L’un des deux l’agrippe par le bras en lui lançant rageusement
« Les femmes çà reste à la maison et çà ferme sa gueule, on t’a à l’œil »
Etre femme, être seule dans l’espace public
Sans un homme pendu à vos basques
Serait-ce devenu un danger de nos jours ?
Parlonslittérature
Contexte du texte : Ecrire une histoire ayant pour thème le harcèlement de rue, en s'inspirant de la photo, pour plus d'infos voir lien suivant.
Ce genre de rapports a toujours existé.
RépondreSupprimerLes suffragettes vivaient la même chose.
Dans les milieux BCBG, on éloignait les femmes des conversations "politiques".
Aujourd'hui, pour moi, c'est un héritage de tout cela; et tant d'autres idées, attitudes et idées reçues qui ont la vie dure.
J'ajouterai que la cause est planétaire!
RépondreSupprimerJ'aime sa rebiffade!
J'aime beaucoup le passage sur les mots, les adjectifs qui les qualifient et montrent la puissance du langage, parfois flatteur, souvent destructeur.
RépondreSupprimerMerci infiniment pour ce texte qui dit la rage au ventre, la colère devant cet insoutenable harcèlement quotidien...
RépondreSupprimerJ'aime bcp vos derniers mots et la question (dont on débattra à l'université) : "Etre femme, être seule dans l’espace public
Sans un homme pendu à vos basques
Serait-ce devenu un danger de nos jours ?"
Merci....
C'est un vrai sujet: une femme a t-elle besoin d'être accompagnée d'un homme pour se sentir en sécurité dans l'espace public?....Framboise a raison de le souligner et toi de poser la question....
RépondreSupprimerC'est misérable de se dire que nous sommes considérées comme une minorité et que de tels propos ont encore cours...
RépondreSupprimerBravo pour ce texte
Merci pour vos messages.
RépondreSupprimer