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A cet inconnu, si connu !
© Kot |
Au fond de son échoppe toute noire il était là.
Il avait toujours été là.
Je ne l’avais vu que là et mon père aussi déjà avant moi.
Grand, basané, la barbe au menton
Dans une atmosphère sombre et embuée,
On eût dit la bouche de l’enfer,
Il était là tel Héphaïstos à sa forge.
Il était toujours là,
Aux jours de grosse chaleur comme à ceux de grand froid,
De l’aube au crépuscule et plus tard encore.
Sans parole, un sourire figé sur ses lèvres fines,
S’affairant à préparer des mets halals
A une population cosmopolite et indifférente.
Tout le monde le connaissait dans le quartier
Et cela depuis la nuit des temps me semblait-il
On allait prendre un en-cas chez « l’arabe »
Quelque soit l’heure de la nuit.
Nonobstant il était invisible pour chacun !
Qui se cachait derrière ce visage ?
Qui connaissait son nom ?
Qui avait entendu le son de sa voix ?
Qui connaissait sa vie ?
Ses joies, ses peines ?
Où vivait-il ? Avait-il une famille?
Pour tous, il n’était que « l’arabe » du coin !
Prenait-on le temps de lui sourire, de lui parler, de le connaître ?
Pour chacun il faisait partie du décor, de la rue, du quartier.
Jusqu’au jour où « l’arabe » eut un malaise,
Que l’ambulance l’emmena
Que les clients perdus se regardaient, s’interrogeaient
Et prenaient enfin conscience que « l’Arabe » était un homme,
Qu’il avait une vie, une histoire, un nom.
Et…. Qu’il leur manquait déjà.
Peut-on juste résumer un homme à sa fonction, à un cliché profondément acnré dans notre petit inconscient collectif de bourgeois occidentaux ? Merci de ce texte qui nous rappelle que c'"était un homme, Qu’il avait une vie, une histoire, un nom."
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RépondreSupprimerwaou, c'est très joli et malheureusement la vérité. On croit connaitre les gens parce qu'on les fréquente tous les jours mais en fait non pas du tout. Qu'il soit musulman, juif, chrétien, ...
RépondreSupprimerPeu importe la nationalité, la religion ... on reste individualiste, c'est bien vrai.
RépondreSupprimerOn ne prend pas assez le temps de connaître les gens que l'on croise pourtant chaque jour ;)
RépondreSupprimerElle est émouvante ton histoire, et très réelle. J'ai appris avec le temps à oser parler avec des "commerçants", ça serait dommage de n'avoir que la relation consommateur... On peut ainsi nouer des relations enrichissantes sans qu'elles deviennent intimes.
RépondreSupprimerTrès joli texte qui nous rappelle que oui ceux que nous côtoyons tous les jours ont un nom, et une vie aussi ... Bien balancé, on est dedans très vite.
RépondreSupprimerUn joli texte pour parler de ce qui semble faire notre quotidien mais que l'on ne prend jamais le temps de découvrir ... J'espère qu'il s'en sortira pour pouvoir discuter un peu avec les gens du quartier :)
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