Une photo, quelques mots #184

 Rendez-vous !

© Julien Ribot

03/07/2014

Cher journal,

Me voilà enfin arrivée à  Marseille chez ma meilleure amie. Après plus de 4h de train et une chaleur paralysante, je ressens avec délices les premiers bienfaits de l’air marin.

Flora, m’a préparé un programme chargé et je ne sais si j’aurais l’occasion d’écrire tous les jours. J’ai pris mon mois de vacance pour faire la fête avec elle et tout « déchiré » comme elle le dit si bien.  C’est la première fois que je vis mes vacances loin des miens. Je suis excitée mais aussi un peu triste. Flora est si délicieusement dingue (j’espère qu’elle ne lira jamais ces lignes, sinon je suis morte XD).  Je sens que je ne vais pas m’ennuyer.

07/07/2014

Cher journal,

Je sais que je t’ai manquée mais je suis furieuse. Cela fait quatre jours que je maugrée et  ne sais que faire. Je lui en veux tellement ! Mais qu’est-ce qui lui  est donc passé par la tête ? Cela partait sûrement d’un bon sentiment : me faire plaisir. Mais ce n’est pas une raison !  Flora a osé oui elle a Osé me faire ça, à MOI !

A peine arrivée, elle m’a fait connaître le vieux port, le marché cosmopolite, les calanques où on s’est doré la face. Samedi ce fut la visite de la ville puis celle du Mucem,  le soir au bar du coin, on a assisté au concert d’un groupe local et nous avons même dansé. Tout était pour le mieux.

Et dimanche ! Oui dimanche, ce fut le coup de grâce ! Laisse-moi tout t’expliquer en détail… Son stratagème était inouï. Il faut reconnaître qu’elle a une imagination débordante. Entre midi et deux nous devions aller déjeuner au Greenwich, un restaurant en bord de mer, pour déguster la spécialité du coin, une bouillabaisse.  Ne trouvant aucune place à son goût pour se garer.  Elle me proposa de descendre et d’aller l’y attendre, elle avait déjà réservé. J’arrive donc, donne son nom, on me place à une table où sont posées quelques fleurs dans un vase en guise de décoration, je regarde autour de moi et soudain prends conscience que je suis dans un speed-dating ! Et toujours pas de Flora.  Saperlipopette ! Elle ne m’a pas fait çà ? Alors que je me lève pour m’en aller l’organisateur me retient  avec ces mots : « Ne partez surtout pas Mademoiselle, nous commençons maintenant! ». Honteuse et quelque peu gênée de m’éclipser comme une voleuse, je me rassieds. Tout en essayant de parler sereinement aux différents hommes qui se présentaient à tour de rôle à ma table,  je méditais ma vengeance. Pour l’instant, je t’avoue, je n’ai toujours rien trouvé…  Je suis furax !!! Cependant La Flora  ne perd rien pour attendre.

4/08/14

Cher Journal.

Les vacances sont terminées et me revoilà  dans le train, empruntant ainsi le chemin du retour. Je suis fatiguée, le mois a été intense mais j’ai eu ma revanche. Depuis une semaine, Flora avait égaré son portable, elle était en rogne d’avoir perdu tous ses contacts. Elle se sentait coupée du monde. Hier soir,  nous sommes quand même allées pour une dernière  promenade sur le vieux port et nous sommes arrêtées sous le préau. A 20 heures précises, une centaine d’hommes tout de noir vêtu jaillirent soudain, une fleur à la main, en  poussant des cris d’oiseaux. Ils s’immobilisèrent et se tournèrent vers nous en esquissant un pas de danse puis se précipitant vers Flora, la saisirent, la hissèrent sur leurs épaules et la portèrent en triomphe sur plusieurs mètres avant de la descendre et de lui mettre dans les bras toutes les fleurs et de disparaître aussi soudainement qu’ils étaient arrivés, tandis que j’immortalisais la scène sur ma tablette.  A voir la tête ahurie de Flora  je jubilais. Un flash Mob. Et oui, un flash mob, J’avais réussi, qui dit mieux ??? Je lui ai alors remis son portable, j’étais aux anges.