Hello à tous,
J'ai dû trop vous manquer ;)
Me revoilà de retour pour participer à l'atelier d'écriture "Une photo, quelques mots" organisé par Leiloona sur son blog. Je récapitule, il s'agit d'écrire un texte à partir d'une photo. La photo de ce lundi est signé Nick Cooper.
Vous pourrez également lire sur son blog les textes des autres participants.
© Nick Cooper |
Tout a commencé cet été quand Niz fit une entrée triomphale en mini short dans mon EHPAD. Ce lieu s’occupait de jeunes vieux riches qui pouvaient se payer toutes les fantaisies de cette terre mais dont l’existence même semblait problématique. Considérés comme insupportables, aigris voire séniles disons-le très vite, Saint-Maurice, selon nos enfants, était le seul lieu capable de nous apaiser. C’était une résidence grand standing à la hauteur de notre porte-monnaie avec beaucoup d’animations mais où les visites étaient anecdotiques. Je dois vous avouer que mes enfants et petits-enfants venaient me voir une fois par mois pour me demander de l’aide financière. J’avais pris l’habitude de les accueillir avec un grand sourire tout en faisant le mal élevé : rotant, pétant, enlevant mon dentier à table et que sais-je encore… Le pied pour moi ! Je m’amusais comme un môme en mal d’amour ! Ils en eurent tellement honte que leurs visites se raréfièrent de plus en plus.
Le jour où paru Niz, je fus sidéré. Nos regards s’agrippèrent pour ne plus se lâcher. Elle avait les cheveux blancs mi-longs coupés au carré, des petites lunettes rondes protégeaient ses yeux d’un bleu lumineux et lui conféraient une certaine posture de femme autoritaire, prête à ne pas se laisser conter, ce que j’avais toujours aimé chez une femme. Elle allait être un véritable ouragan non seulement dans ma vie mais aussi pour cet établissement, pauvre personnel ! La vérité c’est que je m’ennuyais trop ici car personne ne rentrait dans mon jeu. Il faut dire que j’aimais souvent faire du strip-tease dans le grand salon quand tout le monde jouait au scrabble, au moins ça mettait un peu de piment à cette vie d’ennui, mais illico presto, j’étais conduit en isolement pour au moins vingt-quatre heures afin de retrouver mes esprits paraît-il, je ne les avais pourtant pas perdus, ils étaient bien cachés en moi et ils s’ennuyaient un point c’est tout.
Niz a tout changé, dans cette partie nous étions désormais deux et inséparables … Lors des anniversaires de pensionnaires, nous nous cachions dans les vestiaires et ajoutions aux ballons prévus pour cet évènement des préservatifs remplis d’eau que nous projetions sur tout ce qui bougeait…. Nous avions acquis la réputation d’être dérangés ! Nous eûmes droit chacun à une prise en charge psychiatrique hebdomadaire qui à la fin conclut pour notre plus grand bonheur que tout était NORMAL chez nous. Alors nous prîmes une folle décision : fuir ensemble. Pendant une semaine les moindres gestes du personnel furent attentivement notés : heures de prise de poste, heures de pause, heures de fin de poste etc… Cachés parmi les outils de jardinage dans un des fourgons de la société d’espace vert qui passait deux fois par mois et les poches pleins de nos papiers et de nos cartes de crédits nous nous envolâmes.
Une fois dehors, nous prîmes livraison du camping-car que nous avions commandé et nous disparûmes dans la nature. Nous avons depuis sillonné tellement de villes, rencontré tellement de monde et de mode de vie, une fête quotidienne… Bien mieux que de rester dans le grand salon à loucher sur les seins des infirmières !
Aujourd’hui, nous voilà en Pologne à la terrasse du Kaffe Perro Negro en train de déguster des Pounchkis, fabuleux beignets bien gras, tout en sirotant de sérieux verres de vodka, en se roulant des pelles, chantant, dansant, criant. Nous étions « si chauds patates » comme disent nos jeunes, que le gérant pris de panique nous a foutu dehors après avoir appelés les flics. Nous étions tellement allumés ! Nous nous retrouvâmes en garde à vue. La police n’ayant pas de frontières, les flics eurent vite fait d’apprendre que nous faisions l’objet d’un avis de recherche déposés par Saint Maurice et par nos enfants respectifs qui nous avaient placés en ce lieu et sous tutelle.
Penauds, nous repartîmes pour la France sous bonne garde.
Mais… Que c’était beau de vivre à ce rythme et à notre guise!!!